La plateforme de négociation du Projet de liaison des bourses africaines (AELP) a été lancée, mercredi à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté les représentants des bourses africaines, dont la Bourse de Casablanca, de la Banque africaine de développement (BAD), des investisseurs institutionnels, en plus des sociétés de bourse.
Ce lancement a eu lieu en marge de l’assemblée générale annuelle et de la conférence annuelle de l’ASEA (Association des Bourses Africaines), organisée cette année à Abidjan par la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).
La première phase de l’AELP connecte sept bourses couvrant quatorze pays africains notamment le Maroc, l’Égypte, le Nigéria, le Kenya, Maurice, l’Afrique du Sud et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo).
L’AELP vise à faciliter les flux de capitaux et les investissements transfrontaliers et à connecter les marchés de capitaux africains à un public mondial.
Le projet vise à améliorer la liquidité des marchés de capitaux africains, stimuler les flux d’investissement transfrontaliers entre les bourses africaines participantes, faciliter la libre circulation des informations et données de marché entre les participants, encourager la création de produits sur les bourses participantes et à renforcer les compétences des acteurs des marchés de capitaux en matière de trading transfrontalier.
La Banque africaine de développement (BAD) a pris part à ce projet en soutenant l’ASEA pour mettre en œuvre sa 1ère phase notamment par le biais d’une subvention de fonds de placement de la Coopération économique Corée-Afrique (KOAFEC).
La Bourse de Casablanca avait d’ailleurs, pendant sa présidence, paraphé au nom de l’ASEA (Association des Bourses Africaines) le contrat de financement avec la Banque africaine de développement.
Dans une déclaration à la MAP, le Directeur général de la Bourse de Casablanca, Tarik Senhaji, a souligné que dans le marché boursier il était clair que l’Afrique n’a pas encore la taille suffisante pour être sur la carte mondiale, mais grâce à cet important projet, les investisseurs, africains et étrangers, peuvent avoir accès à travers une seule plateforme aux sept plus grandes Bourses africaines, et très bientôt aux neuf plus grandes bourses africaines.
L’union fait la force, s’est-il réjoui, précisant que grâce à ce projet «nous pourrons développer une réelle industrie de l’investissement panafricain».
La Bourse de Casablanca est l’un des membres fondateurs de cette initiative qui a démarré d’un point de vue conceptuel en 2015 et celui technique en 2019, a-t-il fait savoir, notant que le Maroc s’implique de manière forte puisque cela rejoint toutes les autres initiatives qui ont été menées conformément à la vision Sud-Sud de SM le Roi, comme la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et le gazoduc entre le Nigeria et le Maroc qui va traverser plusieurs pays africains.
Selon M. Senhaji, il est certains aujourd’hui que le projet d’intégration des marchés de capitaux, qui va permettre une libre circulation et une bien meilleure dynamique, aura des répercussions positives sur l’économie africaine à travers l’amélioration des conditions de vie des citoyens, la création de plus d’offres d’emploi et les facilités de financement accordées aux entreprises pour promouvoir le secteur privé.
La cérémonie de lancement de cette plateforme est un point de départ intéressent qui sera suivi bien évidemment par d’autres actions afin de conforter cette infrastructure, et ce via notamment des analyses, de la recherche, de la promotion et l’information des investisseurs, a-t-il tenu à préciser.
La Bourse de Casablanca a reçu trois certificats en guise de reconnaissance pour la participation de manière très importante et structurante à l’aboutissement de ce projet. En effet, le Maroc, en assurant la présidence de l’Association des bourses africaines (ASEA) en 2019, a joué un rôle crucial pour le lancement de cette initiative.
«Nous avons été honorés. Cela nous remplit de fierté mais également de sens de responsabilité et du devoir», a commenté le Directeur général de la Bourse de Casablanca.
Dans des déclarations similaires, Younes Sekkat, président de l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB), et Bassil Zekri, Chef de Département Marchés de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) ont mis en avant la portée de cette initiative d’intégration panafricaine qui vise à renforcer l’inclusion financière au profit du développement économique de l’Afrique et à faciliter les transactions transfrontalières entre sept bourses participantes et certaines sociétés de courtage.
Soulignant les facilité dont vont profiter les investisseurs à la faveur de la mis en place de cette plateforme d’interconnexion, ils ont relevé que les Bourses sont indispensables dans le développement des pays d’autant qu’elles constituent un véritable outil d’attraction des capitaux, de financements, de mise à niveau et de modernisation des entreprises, et de collecte et d’allocation de l’épargne.
Cette intégration va permettre une meilleure circulation des capitaux entre les différentes places boursières concernées, ont-ils ajouté, affirmant que cette première étape sera complétée par une intégration plus approfondie avec peu être aussi une réglementation homogène, dans la perspective d’étendre cette intégration aux autres bourses africaines.
L’accent a été mis aussi sur le rôle des sociétés de bourses et leur implication dans la conduite de ce projet, sachant que cinq sociétés de bourses marocaines ont participé à cet effort en termes d’investissement, de temps de travail et des délais qui étaient d’ailleurs trop serrés.
Intervenant lors de la cérémonie, le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly, a dit que cette rencontre marque le lancement d’une nouvelle approche concernant le financement de l’économie africaine Cette plateforme majeure constitue une étape importante dans le processus d’intégration financière de notre continent, c’est pourquoi la cérémonie d’aujourd’hui revêt un caractère historique, a-t-il insisté dans une allocution lue en son nom.
Pour lui, la mise en œuvre des actions de l’Agenda 2063 de l’Union africaine reste l’un des défis majeurs de tous les pays africains, en particulier en ce qui concerne la libre circulation des personnes, des biens, des produits, des services et des capitaux au niveau de ce continent.
Il a poursuivi que la création de la ZLECAF, adoptée par la majorité des pays africains le 1er janvier 2021, «a ouvert la voie à une intégration de plus en plus accrue de nos économies», rappelant dans ce sens que la ZLAECAF est un marché de 1,3 milliard de personnes, soit environ 17 pc de la population mondiale, avec une projection estimée à 2,5 milliards de personnes à l’horizon 2050, ce qui représenterait à peu près 40 pc de la population mondiale.
A ces données s’ajoute un Produit intérieur brut (PIB) de 3000 milliards de dollars des 54 Etats, ce qui en fait donc la zone de libre échange la plus importante au monde, a-t-il avancé, estimant que «l’intégration du marché des capitaux est aussi indispensable pour un meilleur financement de nos économies».