De par ses fonctions, Mohcine Jazouli, ministre de l’Investissement, de la Convergence et de l’Evaluation des politiques publiques, est l’un des VRP de l’ »Offre Maroc » dans l’hydrogène vert auprès des investisseurs. « Cette filière constituera un véritable tournant pour l’économie marocaine », assure-t-il.

L’Infomédiaire: A date, quels sont 4-5 grands projets annoncés dans la filière hydrogène vert ?

Mohcine Jazouli : Tout d’abord, il convient de rappeler que la publication de la circulaire relative à l’Offre Maroc pour le l’hydrogène vert s’inscrit dans la mise en œuvre de la Vision Royale qui permettra de positionner favorablement le Maroc sur cette nouvelle filière à fort potentiel, générera de nombreux investissements et constituera un véritable tournant pour l’économie marocaine. A ce jour, près d’une centaine d’investisseurs, nationaux et internationaux, ont d’ores et déjà exprimé un intérêt afin de produire de l’hydrogène vert au Maroc. Toutefois, aucune convention n’a encore été signée et aucun foncier n’a encore été attribué. En effet, la publication de la circulaire constitue le point de départ d’un processus de sélection des investisseurs ouvert et transparent. A partir de là commenceront les négociations avec les investisseurs, afin de sélectionner les projets qui viendront maximiser les retombées positives pour l’Etat et les citoyens marocains.

Quels sont les critères qui seront déterminants dans la sélection de projets ?

Durant la phase préliminaire qui vise à sélectionner les partenaires les plus pertinents, des critères de sélection déterminants seront analysés. Parmi ceux-ci figurent notamment la robustesse financière des investisseurs, leurs expériences avérées sur les différents métiers de la chaîne de valeurs de la filière (énergies renouvelables, chimie, logistique etc.), leurs clients potentiels ainsi que leurs capacités à créer des externalités positives pour le Maroc, notamment en termes de création d’emplois, d’intégration industrielle, de développement local des territoires et de recettes pour l’Etat marocain.

Sur quels aspects particuliers l’Offre Maroc assoit-elle sa différenciation par rapport à la concurrence ?

Le Maroc dispose d’atouts exceptionnels déterminants pour le succès de cette nouvelle filière. D’une part, il a adopté, dès 2009 et sous les Hautes Orientations de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’Assiste, une stratégie particulièrement volontariste sur les énergies renouvelables. Représentant 40% de la capacité énergétique installée aujourd’hui, les énergies renouvelables représenteront plus de 52% d’ici 2030. Le développement de la filière hydrogène vert au Maroc se fera ainsi dans le cadre d’un écosystème déjà relativement mature. D’autre part, le Maroc s’appuie déjà sur des infrastructures compétitives. Il faudra veiller à continuer de développer ces infrastructures afin de répondre aux besoins de l’industrie de l’hydrogène vert, notamment en termes d’hydrogénoducs, de ports et de stations de dessalement.

Par ailleurs, le Royaume possède une combinaison unique de ressources solaires, éoliennes et foncières. En plus de ses ressources et de ses infrastructures, le Maroc possède une géographie particulièrement attractive pour les investisseurs, notamment du fait de sa proximité avec l’Europe. L’Union Européenne a entamé sa transition énergétique et ses objectifs de décarbonation en feront le premier marché d’importation d’hydrogène et de ses dérivés à l’avenir. Concernant l’offre Maroc en elle-même, il s’agit d’une offre progressive, en plusieurs phases, négociée avec les investisseurs, pragmatique et ouverte. Cette offre a été préparée en connaissance des offres hydrogène d’autres pays. Elle a été élaborée en se basant sur les meilleurs standards internationaux.

Quelle forme prendra la mise à disposition du foncier aux investisseurs ? Des terrains cédés au Dirham symbolique, ou des bails de longue durée ?

Le foncier constitue en effet un des enjeux clés pour la filière de l’hydrogène vert au Maroc. Une assiette foncière significative de 1 million d’hectares a d’ores et déjà été identifiée pour permettre le développement des projets de production d’hydrogène vert et dérivés. Un foncier de 300.000 hectares, répartis en lots de 10.000 à 30.000 Ha, est mis à disposition des investisseurs pour la première phase. Cette logique de phasage permet à l’Etat de conserver une certaine flexibilité pour s’adapter aux différentes évolutions technologiques, législatives, réglementaires et de marché relatif impactant ce secteur émergent. Les modalités de mise à disposition du foncier sont précisées de manière transparente dans la circulaire. En effet, à l’issue de négociations initiales, l’Etat conclura avec l’investisseur un contrat préliminaire de réservation de foncier qui précisera les engagements des deux parties, notamment les modalités d’occupation du foncier, telles que la durée ou le loyer. Des études seront alors menées par l’investisseur, à l’issue desquelles, si tous les engagements sont respectés, des négociations finales pour la conclusion d’études avancées démarreront entre l’Etat et l’investisseur.

En quoi les incitations concédées aux investisseurs seraient-elles différentes de celles prévues dans la Charte de l’Investissement ?

La nouvelle charte de l’investissement a pour objectif d’unifier l’ensemble des incitations à l’investissement dans notre pays. Les projets d’investissement de la filière hydrogène s’intègreront donc totalement dans la charte de l’investissement, en particulier dans le dispositif de soutien spécifique applicable aux projets d’investissement à caractère stratégique, spécialement conçu pour ce genre de projets.

Propos recueillis par Abashi Shamamba