La France se prépare à vivre un « jeudi noir » en raison d’une mobilisation massive, à l’appel des syndicats, contre le projet du gouvernement de réformer le régime des retraites.

En effet, plusieurs millions de salariés du public et du privé ont été appelés à faire grève pour forcer l’exécutif à faire machine arrière dans son projet controversé.

La mobilisation devrait toucher de nombreux secteurs : écoles, hôpitaux, transports, énergie, policiers, avocats… et les perturbations devraient être nombreuses, rendant difficile la vie de la population mais aussi celle des touristes.

Selon les médias du pays, les transports publics et les administrations devraient tourner au ralenti, voire pour certains d’entre eux se retrouver carrément à l’arrêt.

Ainsi, de fortes perturbations sont prévues à la SNCF, avec l’annulation de près de 90% des TGV et 80% des TER. Pour les TER, seuls 3% des trains circuleront. Les régions les plus touchées seront la Bretagne et l’Occitanie avec un trafic quasi nul.

Des perturbations sont également annoncées dans le transport aérien. Air France a annoncé l’annulation de 30% de ses vols domestiques et 15% de ses vols moyen-courrier. De même, environ 20% des vols seront annulés sur le territoire français, selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

Dans l’Éducation nationale, près de 70 % des enseignants seront en grève dans le primaire et 40 % d’écoles seront fermées, selon les organisations syndicales.

Le mouvement, qui ne se limitera pas aux seuls transports et services publics, aura également des incidences sur le secteur privé, les salariés ne pouvant se rendre à leur lieu de travail en raison de la grève dans les transports.

Selon Le Figaro, « cette grève reconductible fait planer le spectre de la grande grève de 1995 avec ses 22 jours d’affilée de conflit contre le projet de Juppé de réforme des régimes spéciaux, voire de 2003 qui a vu jusqu’à un million de personnes descendre dans la rue avant l’été contre la réforme Fillon des retraites et de 2010 avec pas moins de 13 journées nationales de mobilisation sur 10 mois contre le relèvement de l’âge de départ décidé par Nicolas Sarkozy ».

En menaçant de reconduire cette grève à l’infini jusqu’à obtention de leur revendication, les syndicats jouent la carte des conséquences économiques pour forcer l’exécutif à abandonner cette réforme contestée.

Selon les observateurs, les conséquences économiques de la grève sont bien identifiées. Ainsi, 10 jours de conflit amputent la croissance annuelle de 0,1 point de PIB et une journée de grève à la SNCF coûte 20 millions d’euros à l’entreprise.

Présentée comme l’une des mesures phares d’Emmanuel Macron aux présidentielles, la réforme du régime des retraites est destinée à repenser le dispositif actuel qui absorbe 14% du PIB avec 300 milliards d’euros de prestations de retraite chaque année, et un déficit compris entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros à l’horizon 2025.

Cette réforme repose essentiellement sur la création d’un système universel de retraite par points, – en remplacement des 42 régimes existants actuellement-, qui vise l’uniformisation des règles de calcul des pensions, et partant la suppression des régimes spéciaux.

Si la réforme ne touchera pas à l’âge légal de départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 62 ans, elle compte en revanche instaurer un âge pivot à la retraite fixé à 64 ans pour toucher une retraite à taux plein. Un point qui suscite la colère des syndicats aux côtés de la suppression des régimes spéciaux.