Le royaume est reconnu pour être l’un des principaux producteurs d’huile d’olive dans le monde. Et malgré une baisse de la production au cours des dernières années, l’optimisme reste de mise.

En effet, en dépit de toutes les contraintes conjoncturelles et climatiques, il est attendu que le Maroc maintienne sa position parmi les leaders du marché mondial.

D’après les données du rapport « Olive Oil Market », qui couvre la situation du marché mondial de la production d’huile d’olive pour la période allant de 2023 à 2028, le Maroc devrait se positionner en tant que 4e producteur global (3e en termes de volume) et 5e exportateur.

D’après la même source, le marché mondial de l’huile d’olive, toutes catégories comprises, s’est chiffré à 12,3 milliards de dollars à fin 2022. Un montant qui devrait passer à 17,93 milliards de dollars à l’horizon 2028, soit une progression de 6,4 %.

C’est loin d’être vert pour l’oléiculture au Maroc

Notons qu’eu égard à l’impact des conditions météorologiques défavorables, le marché national a été marqué par hausse notable des prix. Le prix de l’huile d’olive est passé de 50-60 dirhams/L à 75-90dh/L en une année (2021-2022).

Noureddine Ouazzani, directeur de l’agropôle olivier de l’École nationale d’agriculture de Meknès, indique à l’Infomédiaire que la superficie dédiée à la culture actuellement est de 1.220.000 hectares. Une superficie, dont la production estimée pour la période 2021-2022 permet de tabler sur une production allant de 30.000 à 40.000 tonnes d’huile. Ce volume, explique-t-il, est bien loin des 140.000 tonnes que le royaume produisait auparavant.

Selon Ouazzani, le prix de 75dh/L est exceptionnel sur le marché local, dans la mesure où l’huile d’olive produite et vendue à l’étranger demeure moins pesante sur le portefeuille des consommateurs. « Le produit marocain reste plus cher que ce qui est disponible à l’international. En Espagne, l’huile d’olive produite localement est écoulée à 3 euros le litre, ce qui équivaut à une trentaine de dirhams», détaille-t-il.

Concernant les prévisions avancées par le rapport cité plus haut, Noureddine Ouazzani indique qu’il s’agit là d’un scénario peu probable vu la situation actuelle du marché. “Pour qu’on arrive à atteindre ces objectifs, l’on se doit de produire 300.000 tonnes d’huile d’olive de qualité par an, ce qui est loin d’être le cas maintenant”, nous a-t-il indiqué. D’autant plus que le bio reste un créneau loin d’être exploité à bon escient. En effet, même si celui-ci pourrait contribuer aux exportations du royaume (surtout qu’il représente une différence de 15 % à 20 % du prix), la superficie exploitée actuellement n’est que de 10.000 hectares, contre 240.000 ha en Tunisie et 300.000 ha en Espagne.

Selon le Conseil oléicole international, le Maroc a exporté 28.000 tonnes d’huile d’olive au cours de la campagne 2021-2022, tandis que la consommation intérieure s’élevait à 150.000 tonnes.

Une situation que les professionnels du secteur expliquent par les conditions météorologiques et leur impact sur la production, ainsi que le manque d’accompagnement de l’État pour soutenir les producteurs. Rajouté à cela le poids de l’informel, puisque le royaume compterait 200.000 unités de productions, dont moins de 1000 sont accrédités par l’Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA). D’après Ahmed Khannoufi, Directeur interprofession marocaine de l’olive (Interprolive), il s’agit là de 1000 unités de trituration moderne et semi-moderne au Maroc.

Les avis divergent sur la situation

De son côté, Khannoufi nous a expliqué que la campagne oléicole actuelle s’annonce meilleure que la précédente. “L’on constate les prémisses d’une bonne floraison dans les vergers oléicoles. Par exemple, il y a avait une bonne période de froid, qui a donné un résulté en un bon démarrage, mais on ne peut se prononcer sur la production prochaine. Cela dépend de plusieurs facteurs qui influencent l’évolution du cycle végétatif de l’olivier, notamment l’évolution de la situation des barrages et l’effet des changements climatiques, etc.”, explique-t-il.

Pour lui, la progression de 6,4 % avancé par le rapport « Olive Oil Market » confirme la tendance de la demande mondiale sur l’huile d’olive constatée depuis une dizaine d’années. Le représentant d’Interprolive indique que la situation annoncée pour le Maroc n’est pas en déphasage avec la situation actuelle. Il estime que «le contrat- programme pour le développement de la filière oléicole, dans le cadre de la stratégie Génération Green, prévoit des axes d’intervention le long des différents maillons de la filière, qui confortera cette position».