L’économie kényane devra connaitre une croissance de 2,6% cette année, la plus élevée de la région d’Afrique de l’est, a estimé le ministre des Finances Ukur Yatani, qui a attribué cette performance positive à « la politique économique rapide » adoptée par le gouvernement pour répondre à la pandémie de Covid-19.

« Nous avons été contraints de réviser nos perspectives de croissance économique à un pour cent négatif compte tenu du Covid-19. Je suis heureux d’annoncer que nous sommes actuellement à 2,6%, le plus haut niveau de la région », a déclaré Yatani lors de la conférence nationale sur le Covid-19, organisée lundi à Nairobi.

Le Trésor National kényan avait réduit plus tôt en mai les perspectives de croissance économique du Kenya à 2,5%, contre 6,2% projeté plus tôt dans l’année.

L’argentier du Kenya a déclaré que les plans de relance qui ont vu le gouvernement renoncer à 172 milliards de shillings (environ 1,7 milliard de dollars) de recettes fiscales en plus d’autres mesures visant à augmenter la liquidité sur le marché ont contribué à atténuer l’impact de la pandémie.

Parmi les mesures prises par la Banque centrale du Kenya (CBK) en mars pour augmenter la liquidité sur le marché, M. Yatani a notamment cité l’élimination des frais pour les transactions d’argent mobile jusqu’à 1.000 shillings (10 dollars) et l’augmentation de la limite de transaction pour l’argent mobile de 150.000 shillings (1500 dollars) à 300.000 shillings (3000 dollars).

Le régulateur a également suspendu la liste des emprunteurs du Credit Referencing Bureau (CRB) qui devaient moins de 1000 shillings (10 dollars) et a progressivement abaissé le taux de prêt de base de 8,25% à 7,25% et maintenant à 7%.

La Banque centrale a aussi réduit le ratio de réserve de trésorerie (CRR) à 4,25% contre 5,25%, libérant 35,2 milliards de shillings (environ 352 millions de dollars) en tant que liquidités supplémentaires mises à la disposition des banques pour soutenir directement les emprunteurs en détresse à la suite de la pandémie.

En mars dernier, le président Uhuru Kenyatta a annoncé des mesures de réduction d’impôts visant à augmenter le revenu des ménages d’environ 10% et à permettre aux entreprises en difficulté de bénéficier d’une protection de 9% contre les chocs de Covid-19.

Il a ainsi annoncé une réduction de la TVA de 16% à 14%, offrant un soulagement aux consommateurs, en particulier ceux du secteur informel et ceux sans revenu garanti.

Il a également réduit la taxe sur le chiffre d’affaires pour les petites et moyennes entreprises de 3 à 1%.

Le Trésor a également annoncé un paquet de stimulation économique post-Covid-19 de 54 milliards de shillings (environ 540 millions de dollars) avec 19,5 milliards de shillings destinés au développement et 36,7 milliards de shillings pour les dépenses récurrentes.

En juin dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré que la pandémie de Covid-19 avait plongé le monde dans la pire récession économique, projetant une croissance de l’économie mondiale à un taux négatif de 4,9%.

Le prêteur mondial a également projeté que l’économie de l’Afrique subsaharienne se contracterait de 3,2%, reflétant un environnement extérieur plus faible et des mesures pour contenir l’épidémie de Covid-19.

Il s’attend cependant à ce que l’économie se rétablisse à 3,4% en 2021, sous réserve de l’assouplissement progressif continu des restrictions de Covid-19 et, surtout, si la région évite la même dynamique épidémique qui s’est produite ailleurs.