Oxford Business Group publiera en début d’année prochaine son tout premier rapport sectoriel exclusivement consacré au secteur financier marocain. Intitulé « Financer l’avenir : construire un secteur des services financiers durable », le volet financier de The Report Morocco 2021, dont la parution est prévue au premier trimestre 2021, proposera une analyse approfondie des performances des secteurs bancaire, boursier, et de l’assurance en 2020. Il reviendra également en détail sur la transformation et l’évolution des services financiers au Maroc en 2020, notamment en réponse à la crise du Covid-19, et sur les perspectives qui se dessinent pour l’année 2021.

Présenté dans un format clair et accessible, mêlant données essentielles et analyses, et illustré par de nombreuses infographies, le rapport comportera en outre des interviews réalisées par OBG auprès de personnalités clé des secteurs bancaire et financier.

On y retrouvera en particulier un entretien avec le gouverneur de la banque centrale du Maroc Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui répond aux questions d’OBG sur l’effet de la crise sur le financement de l’économie marocaine et notamment sur le plan d’action adopté par Bank Al-Maghrib pour faire face à la pandémie. Le gouverneur revient par exemple sur les mesures de soutien budgétaires adoptées afin de venir en aide aux entreprises, en particulier aux PME, aux salariés du secteur privé et aux employés du secteur informel, avec la création d’un fonds spécial doté initialement de 33,7 milliards de dirhams.

La banque centrale marocaine a actionné l’ensemble de ses instruments face à la situation de crise, abaissant entre mars et juin son taux directeur de 75 points de base pour le ramener à 1,5% et libérant intégralement le compte de la réserve obligatoire au profit des banques. Elle a également élargi la liste des actifs éligibles à ses opérations de refinancement, triplant le potentiel de refinancement des banques. Elle a en outre mis en œuvre un plan d’approvisionnement pour répondre à la hausse exceptionnelle de la circulation fiduciaire liée au confinement. Malgré le contexte, les grands chantiers entamés ont pu être poursuivis et la banque centrale s’est attelée en 2020 à « accélérer la mise en œuvre de la stratégie nationale d’inclusion financière finalisée en 2019, particulièrement sur le volet déploiement du paiement mobile. Ce dernier a ainsi bénéficié de nouvelles incitations fiscales intégrées au niveau de la loi de finances rectificative 2020 en vue de promouvoir son utilisation auprès des commerçants », a expliqué le gouverneur. La flexibilisation du dirham, initiée en 2018 et dont la deuxième phase a été entamée en mars dernier « continue de se dérouler dans de bonnes conditions, » a-t-il également assuré.

Mikael Naciri, Directeur Général du CMI Centre Monétique Interbancaire, et dont un entretien sera également publié dans ce rapport, a salué l’initiative d’une étude qui permettra d’éclairer les évolutions de l’écosystème des paiements au Maroc. « On a assisté en 2020 au Maroc à une nette augmentation du commerce en ligne et à un véritable boom du paiement sans contact, » a-t-il déclaré.  « Avant le début de la pandémie, les cartes bancaires étaient utilisées dans 90% des cas pour des retraits au distributeur automatique. Ces derniers ont reculé de 7% en 2020, ce qui montre une réelle évolution de l’utilisation ». Un changement, qui selon lui, est à la fois d’ordre psychologique et technologique : « De nos jours, le Maroc dispose des infrastructures techniques et technologiques nécessaires au développement de nouvelles méthodes de paiement conformes aux normes internationales. La banque centrale et les dernières réformes en date de la loi bancaire ont permis la création d’un écosystème reliant l’ensemble des banques et des institutions de paiement du pays, garantissant une interopérabilité totale des transactions. »

Karine Loehman, Directrice Générale Afrique d’OBG, d’ajouter; ce rapport permettra de faire le point sur l’impact de la crise et de mieux comprendre les atouts du Maroc malgré les défis qui restent à relever. « Si 2020 a été une année éprouvante pour l’économie marocaine, le secteur financier dispose de solides bases et a pu poursuivre, malgré la crise, les réformes engagées. L’ambitieux programme de relance annoncé, qui met à contribution des investissements privés et publics, nationaux et internationaux, devrait permettre au secteur financier de poursuivre son développement. »

S’exprimant sur la relance post Covid au Maroc, Abdellatif Jouahri a quant à lui déclaré : « L’évolution de la pandémie reste entourée d’un niveau très élevé d’incertitudes. Dans un tel contexte, la reprise requiert d’abord de redonner la visibilité aux opérateurs et de renforcer la confiance. Cela passe par un engagement fort des pouvoirs publics, appelés à poursuivre leurs politiques de soutien à l’économie et à mettre en place des programmes de relance, centrés sur l’investissement public comme levier de l’investissement privé. En parallèle, il faudrait poursuivre l’effort de réforme pour renforcer la résilience post-crise et s’adapter aux mutations qui s’annoncent d’ores et déjà, ainsi qu’aux nouveaux paradigmes qui y prévaudront. »