Le Maroc a subi un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, dans la soirée du 8 au 9 septembre. Un drame douloureux, notamment pour les populations qui ont été victimes de la catastrophe naturelle, mais pour les équipes de sauvetage.

Le soutien émotionnel de ces personnes s’avère une nécessité, surtout que ce type d’événements peut laisser des séquelles sur le long terme. Le Dr Nada Azzouzi, psychiatre psychothérapeute, apporte des éléments de réponses concernant l’accompagnement et la gestion des personnes touchées par ce genre d’événements.

Quels types spécifiques de soutien émotionnel et de conseils peut-on offrir aux personnes ayant vécu un traumatisme ou une détresse à la suite d’un tremblement de terre ?

Le plus important dans ce genre de situations est d’être à l’écoute des personnes directement touchées. Il est donc conseillé de procéder à une écoute individuelle de chaque cas, ce qui peut s’avérer difficile, car il faut des personnes formées dans ce sens. Des cellules d’écoute sont mises en place actuellement à cet effet. L’on préconise aussi la gestion des émotions à travers des techniques de respiration et de relaxation, pour aider les victimes à mieux gérer ces moments. Parler de sa colère, sa tristesse n’est pas toujours facile.

Comment est-il possible d’aider les victimes de tremblement de terre à faire face à l’impact émotionnel immédiat de la catastrophe (peur, anxiété, choc) ?

Sur le moment, l’écoute reste le moyen le plus utile pour aider les victimes, associé aux techniques précitées. Cela dit, certains cas peuvent demander un traitement via médicaments, mais c’est quelque chose que l’on devrait approcher au cas par cas. L’idée est de pouvoir offrir aux victimes un soutien émotionnel le plus rapidement possible.

Quelles stratégies ou techniques à long terme recommandez-vous pour aider les victimes à reconstruire leur bien-être émotionnel et leur résilience après avoir survécu à un tremblement de terre ?

Cela dépend avant tout de la situation du patient qui présente un état de stress post-traumatique, qui est une entité spécifique que l’on retrouve dans les grands traumatismes et qui est une façon de réagir à ce genre de catastrophes. Une fois de plus, l’on doit procéder au cas par cas pour ce qui est du traitement. Cela dit, il y a une approche par via deux volets : la psychothérapie par intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR), qui peut être très spécifique pour certains cas, ou de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Ces deux méthodes peuvent être associées à des traitements, selon l’état de la personne.

Pouvez-vous fournir des conseils sur la manière dont les familles et les communautés peuvent se soutenir mutuellement émotionnellement à la suite d’un événement sismique ?

C’est un peu le même principe qu’au niveau des cellules d’écoute. Il faut offrir la possibilité de parler ouvertement et sans tabous. L’objectif est de ne pas se sentir seul pour les victimes. L’on peut saluer en ce sens ce qui est fait par les caravanes qui se sont mobilisées suite au drame dans les différentes régions du pays. Ces personnes reçoivent de l’aide alimentaire et financière, ce qui est bien, se sentir écouté est donc tout aussi important dans ce genre de situations. Il faut offrir la possibilité aux personnes concernées par ces événements de parler librement.

Quels conseils pouvez-vous donner aux survivants de tremblement de terre pour reconnaître les signes du trouble de stress post-traumatique (TSPT) ou d’autres problèmes de santé mentale ?

Certains signent sont apparents, notamment l’insomnie, les cauchemars, les flash-backs, l’anxiété, les sursauts, une tristesse permanente, etc. Il faut aussi faire attention aux personnes qui commencent à s’isoler de leurs proches, suite à ce genre d’incidents. Tout changement chez un proche, après avoir vécu un événement similaire, doit alerter et nous faire chercher de l’aide. Le traitement via psychothérapie est donc grandement préconisé, dans la mesure où l’on ne traite pas une maladie, mais une personne pour l’aider à retrouver son équilibre.