Le travail des enfants au Maroc, en particulier celui des petites filles, demeure une réalité alarmante. Oxfam a publié un policy paper, intitulé « petites mains, grandes corvées », dans lequel l’ONG appelle à plus d’engagement des autorités et organisations de la société civile pour lutter contre ce phénomène.

Selon les données fournies par Oxfam, le travail des enfants au Maroc résulte en grande partie de la précarité. L’ONG indique que les enfants figurent parmi les premières victimes de cette pauvreté et de la vulnérabilité. Ainsi, 35,4 % de la population pauvre et 28 % de la population vulnérable sont des enfants âgés de 0 à 14 ans, d’après les données du Global Inequality 2022.

Si l’on se réfère aux données de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), environ 8 % des enfants marocains âgés de 5 à 17 ans sont contraints de travailler, soit près de 900.000 enfants. Les petites filles sont particulièrement vulnérables et représentent une grande partie de cette population, avec près de 40 % des enfants travailleurs, ce qui appuie le constat alarmant d’Oxfam sur le sujet.

Le Maroc doit mieux cerner le phénomène

Le gouvernement marocain a pris des mesures pour lutter contre le travail des enfants, notamment en adoptant des lois visant à protéger les droits des enfants et en lançant des programmes de sensibilisation dans les communautés. Cependant, la mise en œuvre de ces politiques reste insuffisante et de nombreux enfants continuent de travailler dans des conditions extrêmement difficiles.

Avec l’entrée en vigueur en octobre 2018 de la loi 19-12 sur le travail domestique, le Maroc a rempli un vide juridique dans le Code du travail de 2004 qui ne prenait pas en considération les employées de maison. La loi 19-12 interdit toute intermédiation physique, mais n’apporte qu’une réponse à caractère coercitif au problème (amende de 25.000 et 30.000 DH).

Toutefois, la loi ne peut franchir les portes pour suivre et contrôler les foyers afin de veiller à sa bonne application et reste ainsi inapplicable sauf dans le cas d’implication de la justice, ce qui traduit une insuffisance qu’il est temps de combler, souligne Oxfam.

En somme, le travail des enfants, en particulier des petites filles, reste un problème majeur au Maroc. Il est important de continuer à sensibiliser la population sur les dangers du travail des enfants et de travailler ensemble pour mettre fin à cette pratique abusive et protéger les droits des enfants, préconise l’ONG.

Oxfam recommande à cet effet de renforcer la sensibilisation de la population face à ce phénomène, de revoir le cadre juridique en la matière, d’investir plus dans l’éducation des filles, d’investir dans le développement économique, d’impliquer les communautés locales dans cette lutte et de renforcer la collaboration avec les différents acteurs concernés par la chose.

L’ONG indique que cela peut se faire en agissant sur deux niveaux, notamment à travers des actions préventives et d’autres correctives.

Le premier point comprend des plans de développement socioéconomiques locaux, régionaux et nationaux, qui ont pour finalité de réduire les inégalités et d’activer le développement des localités marginalisées pour contrer la source pourvoyeuse en « petites bonnes ».

Le deuxième point concerne l’éradication du travail domestique des petites filles en s’attaquant à cette pratique sociale, dans le cadre d’un programme immédiat. L’on adopte donc des actions sur le moyen terme à travers l’ensemble du territoire, afin de mieux cerner les lacunes et éradiquer le phénomène de façon efficace.