Un nouveau plan de restructuration pour la compagnie aérienne « Tunisair » a été élaboré pour l’aider à surmonter ses difficultés financières et sociales, a annoncé le ministre tunisien du Transport, Hichem Ben Ahmed.

Elaboré en coordination avec le syndicat de « Tunisair » et la présidence du gouvernement, ce plan comportera plusieurs axes ayant trait au volet financier, administratif, commercial et de communication, a précisé le responsable dans des déclarations à la presse.

« Nous envisagerons plusieurs possibilités, dont la mobilisation de financements, la restructuration ou l’annulation d’une partie des dettes, ou le licenciement d’une partie de son personnel », a-t-il encore noté, niant l’intention du gouvernement de privatiser « Tunisair ».

« Le gouvernement n’a aucune intention actuellement de la privatiser, ni de la vendre et non plus sur le long terme », mais il œuvre, plutôt, à « trouver des solutions radicales qui permettront le redressement de la situation », a expliqué Ben Ahmed.

Il a fait savoir que « le parc de ‘Tunisair’ compte 28 avions, dont 10 appareils nécessitent des entretiens, trois autres viennent d’être réparés et seront opérationnels dans les deux prochains jours, notant que pour le reste des appareils, ils seront fonctionnels, d’ici le mois de mai, avant la saison estivale.

En février dernier, « Tunisair » avait annoncé l’intention de licencier 1146 employés à l’horizon 2020 dans le cadre d’un programme de restructuration de la compagnie aérienne.

La compagnie, qui prévoit ces licenciements afin d’améliorer ses équilibres financiers, compte réduire le nombre des agents qui opèrent sur un seul avion, pour passer de 222 actuellement à 164 agents en 2020 en vue de se rapprocher des normes internationales.

Dans le cadre de ce programme, la compagnie envisage de même d’accélérer l’opération d’augmentation du capital, de reconversion des dettes de la compagnie auprès de nombreuses entreprises publiques en une contribution à leurs capitaux, outre l’acquisition de 5 nouveaux appareils.

L’objectif consiste à réduire les pertes de la société à travers un programme prévoyant aussi de louer d’autres avions sur une période de 4 à 5 ans à l’effet de surmonter le problème de retard des vols de la compagnie, dont le taux de ponctualité a baissé à 35% en janvier dernier contre 49 % une année auparavant.

« Tunisair » réclamera au gouvernement une enveloppe de 100 millions de dinars (29,5 millions d’euros) qui devront servir à assurer le recouvrement des factures impayées et à équilibrer ses finances.

Dans le cadre de plan, qui vise de même à assurer le transport de 4,7 millions de voyageurs en 2020 et de renforcer le nombre de vols à destination des marchés traditionnels, ainsi que des nouveaux marchés, tels que l’Amérique du Nord et l’Afrique, « Tunisair » demandera à l’Office de l’Aviation Civile et des Aéroports (OACA) le rééchelonnement de ses dettes sur 4 et 5 ans.

Selon le 31ème rapport de la Cour des comptes tunisienne pour l’année 2018, « Tunisair » avait accordé, depuis 2016, l’autorisation de décoller à des avions avec plus de 5 pannes, alors que des problèmes de ce type ont été la cause d’accidents d’avions dans d’autres compagnies aériennes.

La cour des compte évoque également des soupçons de corruption en ce qui concerne la gestion du stock des pièces de rechange des avions de la compagnie, relevant qu’au cours de la période 2012-2017, des pièces de rechanges ont été enlevées, à maintes reprises (22 fois), sans qu’elles soient placées dans d’autres avions, ce qui peut dissimuler des dépassements relatifs à des opérations de vol.

En outre, le document fait état de 658 cas de transfert à des spécialistes de maintenance, de matériels en panne pour réparation, sans retrouver de trace d’une éventuelle récupération de ces pièces par « Tunisair Technics ».

Selon le même rapport, « Tunisair Technics » ne respecte pas les délais de fin de travaux de maintenance des avions qui restent cloués au sol, causant une perturbation de la programmation des vols.

Ces infractions qui ont impacté négativement le programme des vols, ont poussé la compagnie à supporter des charges supplémentaires de location d’avions, dont le montant a atteint au cours de la période 2014-2017, près de 15,8MD (1 euro = 3,46 dinars), outre les charges d’indemnisation des voyageurs à cause des retards enregistrés au niveau des horaires des vols, précise le rapport de la cour des comptes.

IA