Les abus physiques et verbaux continuent de pulluler dans le milieu scolaire au Maroc, malgré les nombreuses actions entreprises pour lutter contre le phénomène. Ce constat vient d’être à nouveau confirmé par le Conseil Supérieur de l’Éducation, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS) qui a rendu publics les résultats d’une étude sur la situation de la violence dans le milieu scolaire à travers le royaume.

Le rapport d’une centaine de pages a été réalisé auprès de 260 établissements scolaires et se base sur le retour de 13.884 étudiants (tous niveaux confondus), au titre de l’année 2022.

Le constat qui se dégage de cette étude est bien inquiétant: Les violences verbales et le harcèlement moral représentent 55,9 % des abus commis au sein des établissements auprès des garçons (dans l’enseignement secondaire), selon près d’un tiers des répondants.

Les violences physiques viennent en second lieu des abus dans les établissements, puisque 25,2 % des participants du primaire indiquent en avoir déjà été victimes, alors que 28,5 % des sondés indiquent avoir déjà été bousculés. Au niveau de l’enseignement secondaire, 25,3 % des participants avancent avoir été frappés, alors que 37,4 % auraient été bousculés. Une fois de plus, les garçons sont les plus représentés à ce niveau.

En ce qui concerne le cyberharcèlement, 8,3 % des sondés (dans le primaire) indiquent que leurs informations personnelles ont déjà fuité. Au niveau du secondaire, 8,6 % des participants avancent que leurs photos et vidéos personnelles ont été partagées sur les réseaux sociaux et par messages. Les garçons sont les plus ciblés par ce type d’harcèlement, d’autant plus qu’il s’avère très virulent dans les établissements privés.

Les violences dans les établissements scolaires ne se limitent pas aux abus physiques seulement, puisque le rapport met en évidence un autre phénomène: celui des vols perpétrés dans le milieu scolaire. Il s’avère que 27,1 % des victimes sont issues du primaire alors que 38,6 % sont issues du secondaire. Le CSEFRS explique que les deux sexes sont ciblés de la même manière par le phénomène.

En ce qui concerne les auteurs du harcèlement sexuel, les garçons sont également les principaux responsables, mais un nombre significatif d’élèves a également mentionné des enseignants comme auteurs. Au primaire, 6,9 % des élèves déclarent que l’auteur du harcèlement sexuel est l’enseignant, tandis qu’au secondaire, environ 24,5 % des élèves ont déclaré avoir subi un harcèlement sexuel de la part des enseignants.

Profil des auteurs des violences

Le CSEFRS explique que le profil des auteurs de violences dans le milieu scolaire comprend les élèves tout aussi bien que les enseignants. Dans le primaire, 66,3 % de ces actes sont commis par des garçons, alors que 5,8 % sont le fruit d’enseignants. Au niveau du secondaire, les garçons sont une fois de plus au-devant de la scène avec une représentativité de 70,1 %, alors que le corps enseignant arrive en second lieu avec 20,4 %.

Le rapport indique que les violences commises par des intrus ou des adultes extérieurs à l’établissement sont moins fréquentes, mais plus présentes dans les zones rurales.

Cela dit, les sondés indiquent que le climat scolaire est généralement positif, quoiqu’il ferait l’objet d’une dégradation au fil du temps. Celui-ci atteint un niveau bas à partir du secondaire, d’après les participants, qui expliquent ressentir une peur dans certains endroits de leurs établissements. Sur ce point, il s’avère que les toilettes sont une zone noire pour 38,5 % des élèves du primaire (35,1 % pour le secondaire), suivi par le bureau du directeur (32,1 %) et 30 % sur le chemin de l’école (45 % pour le secondaire).

Le changement nécessite plus que de la volonté

Malgré les nombreux appels du ministère de Tutelle pour l’abandon des châtiments corporels et autres mesures disciplinaires similaires dans le milieu scolaire, celles-ci demeurent un point noir dans le tableau. Le rapport indique que certains enseignants jugent que la « violence est nécessaire pour faire face à la violence des élèves », surtout lorsque l’on sait que 6,1 % du personnel éducatif indique avoir subi des actes de harcèlement par les étudiants.

Le CSEFRS indique que la plateforme « Marsad », lancée par le ministère de l’Éducation nationale, pour enregistrer les cas de violence dans les écoles, est méconnue par 75,9 % du personnel et les actes de violence ne sont pas toujours signalés dans les établissements scolaires.

Il est donc question de prendre une réelle conscience de l’impact négative de ce type d’actes sur les élèves et le corps enseignant, à travers la mise en place d’une politique efficace pour contrer le phénomène.

Cela peut se faire via différentes actions, notamment la mise en place d’un code de conduite au sein des différents établissements du royaume, des cellules pour la gestion et le reporting des agressions et le soutien des victimes.