Le think tank britannique Oxford Business Group vient de publier une analyse sur la stratégie marocaine concernant les énergies renouvelables, intitulée ‘‘Le Maroc parviendra-t-il à atteindre ses objectifs ambitieux en matière d’énergie renouvelable ?’’ et dont une copie est parvenue à Infomédiaire Maroc.

Ci-après l’intégralité de l’analyse :

‘‘Dans le cadre d’une stratégie visant à accroître de manière considérable ses capacités de production d’énergies renouvelables, le Maroc a lancé son premier village entièrement alimenté grâce à l’énergie solaire. Mi-octobre, des représentants du gouvernement ont inauguré le village de Id Mjahdi, situé près d’Essaouira à l’ouest du pays. Le village, unique en son genre en Afrique, est capable d’accueillir quelque 50 habitants, est complètement autonome en matière d’énergie et n’est pas connecté au réseau électrique national. Son alimentation en électricité se fait grâce à 32 panneaux solaires photovoltaïques, qui produisent 8,32 KWh d’électricité.

Outre l’alimentation de l’éclairage public et des chauffe-eaux et fours des particuliers, la centrale électrique solaire fournit également l’électricité nécessaire au fonctionnement d’un hammam public, d’un château d’eau, d’une usine de concassage d’argan et d’un centre éducatif. Afin de garantir une utilisation de l’électricité en dehors des heures d’ensoleillement, le réseau est équipé de batteries de stockage.

L’énergie solaire au cœur de la stratégie renouvelable du Maroc

L’inauguration du village s’inscrit dans le cadre d’efforts déployés par le royaume afin d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique national. Les énergies renouvelables représentent actuellement environ 34% de la capacité installée. Le gouvernement entend porter la contribution de ces dernières à 42% l’an prochain et 52% d’ici 2030, en misant sur un mélange d’énergie hydroélectrique, solaire et éolienne. Ces objectifs ambitieux trouvent leur origine dans la Stratégie Energétique Nationale qui, lancée en 2009, a fourni un cadre règlementaire au développement des sources d’énergies renouvelables et contribué à ouvrir la voie à la mise en place de projets d’envergure.

La construction de la centrale solaire thermodynamique (CSP) de Noor, d’une capacité de 580 MW, dont la première phase a été livrée en 2016, constitue l’une des avancées les plus considérables de cette stratégie. Située non loin de la ville de Ouarzazate, aux portes du Sahara, il s’agit là de la plus grande centrale

CSP au monde, recouvrant une superficie de 3000 hectares. Un autre projet d’envergure se profile, avec l’annonce cette année au mois de mai de l’attribution de la première tranche du projet Noor Midelt, estimé à 7,6 milliards de dirhams (788,6 millions de dollars) à un consortium réunissant le groupe français EDF, l’entreprise émirati Masdar et la compagnie marocaine Green of Africa.

Une fois les deux phases de construction achevées, la centrale hybride thermosolaire et photovoltaïque située près de la ville de Midelt au nord-est du pays disposera d’une capacité de production de 800 MW d’électricité, assortie d’une capacité de stockage de 5 heures. Les infrastructures préliminaires, notamment une route de 40 km et un câble électrique de 50 km, ont été installées, ce qui devrait permettre à la construction de la centrale de démarrer d’ici la fin de l’année.

Si la stratégie marocaine en matière d’énergies renouvelables comporte également des projets éoliens et hydroélectriques, l’accent est mis sur l’énergie solaire afin de tirer parti des ressources naturelles du pays. Selon des estimations officielles, le pays présenterait une durée d’ensoleillement de 3000 heures par an, et serait donc doté d’un potentiel d’énergie solaire de 5 KWh par m² par jour.

Impact économique des énergies renouvelables

Les investissements dans les énergies renouvelables et le développement de ces dernières devraient également avoir des retombées économiques considérables. A l’heure actuelle, le Maroc importe environ 90% de ses besoins énergétiques, avec une facture d’importation énergétique qui atteignait l’an dernier 82,3 milliards de dirhams (8,5 milliards de dollars), soit une hausse de 18%.

La consommation nationale d’énergie enregistrant, selon les estimations, une hausse annuelle de 3 à 5%, le développement des capacités de production d’énergie renouvelable permettra de répondre à une part considérable de la demande et ainsi de réduire la nécessité d’importer. Outre les énergies renouvelables, le pays cherche également à accroître sa production en amont dans le cadre d’une stratégie de réduction de la dépendance énergétique. Les investissements dans le pétrole et le gaz devraient atteindre un total d’1,7 milliard de dirhams (176,4 millions de dollars) cette année, selon des chiffres officiels, contre 1,4 milliard de dirhams (145,3 millions de dollars) en 2018. La production devrait atteindre à la fin de l’année 96 millions de m³ pour le gaz naturel et 4300 tonnes pour le condensat.

Les activités en aval devraient aussi connaître un essor. En effet, le gouvernement a signé fin octobre avec la banque de développement de le Fédération de Russie (VEB) un contrat de 2,2 milliards de dollars portant sur la construction d’une raffinerie pétrolière au Maroc. Cette dernière, qui sera située au nord du pays, sera dotée d’une capacité de production initiale de 100 000 barils par jour, qui sera portée à 200 000 une fois le chantier achevé. Cela marquera le retour des activités de raffinage dans le pays : l’unique raffinerie du Maroc, Samir, avait fermé ses portes en 2015.