Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le roi Mohammed VI, la 3e édition de la MedCop Climat, organisée conjointement par la Région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et la fondation « Maison Méditerranéenne du Climat », les 22 et 23 juin 2023 à Tanger, a clos ses travaux.

Tenue cette année sous le thème « MedCop, locomotive de l’action climatique aux niveaux local et régional en Méditerranée », ce congrès, se veut être un lieu d’échange, de partage et de débat, en vue d’un meilleur recadrage de la trajectoire des CDNs, ainsi qu’une accélération de la mise en œuvre de l’accord de Paris, à partir des conclusions du premier bilan mondial qui aura lieu, lors de la COP28 à Dubaï, du 30 novembre au 12 décembre 2023.

Le congrès a rassemblé des acteurs des Collectivités locales, des partenaires de développement, des organisations intergouvernementales, le secteur privé, des universitaires, des organisations de la société civile, des femmes et des jeunes, dans le but de concevoir et de catalyser des actions et des solutions, susceptible de mettre en œuvre l’Agenda climat, dans le bassin méditerranéen. Cet Agenda fournira une plateforme capable de structurer une vision commune et porter la voix des villes, et territoires, de la Méditerranée au sein des instances décisionnelles de l’écosystème Climat, telles que les COP.

Une cérémonie d’ouverture de haut niveau organisée en trois temps :

La cérémonie inaugurale a été organisée en 3 temps ; un temps national, marqué par les interventions du Omar Moro, Président du comité de pilotage de la MedCop et Président du Conseil de la région Tanger Tétouan Al Hociema, Nezha Bouchareb et Mohamed Sefiani, vice-présidents de la Fondation Maison Méditerranéenne du Climat qui ont souhaité la bienvenue aux participants et ont rappelé le contexte et les objectifs du congrès. Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau (MEE) et de Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable (MTEDD) ont de leur côté mis en exergue le leadership du Royaume du Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans les différentes avancées en matière de gestion durable de l’eau et de la transition énergétique.

Le second temps a été marqué par la participation régionale et internationale marquée par les interventions de l’Union pour la Méditerranée, l’ONU Habitat, l’UNCDF, le CGLU monde et le CGLU Afrique, la fondation Maison Climat pour la méditerranée et l’ICLEI. Ces acteurs ont mis l’accent sur l’importance des collectivités locales dans l’implémentation de l’Agenda Climat, ainsi que la nécessité de renforcer la coopération, en tant que levier d’accélération de l’innovation et du partage des solutions, de même que les initiatives menées et la nécessité de renforcer les synergies entre les différentes initiatives.

Le troisième temps a été marqué par la signature de six (6) conventions de partenariat de haute importance, impliquant notamment la Région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la fondation Maison Méditerranéenne du Climat, CGLU Afrique, l’AMCDD, UNCDF, l’AMEE, et sept villes de la région TTA, portant sur des programmes significatifs, illustrant l’engagement du Maroc à sur les différentes échelles régionale, nationale que locale, sur la voie d’une économie bas carbone, inclusive et résiliente.

En résonnance aux enjeux et aux défis auxquels doit faire face la Communauté internationale, la MedCop Climat Tanger 2023 a connu la participation de plus de 1.200 participants représentant 36 nationalités, dont d’éminentes personnalités, experts et spécialistes du Climat et des enjeux environnementaux.

Des débats riches et intenses

Les débats de cette MedCop étaient organisés autour des thématiques clés, s’inscrivant dans la lignée des démarches qui ambitionnent de combler le retard en matière d’adaptation, d’atténuation, de résilience et de financement, à savoir : la transition énergétique, la transition hydrique dans le contexte de l’économie bleue, la gestion des déchets dans le cadre de l’économie circulaire, la résilience urbaine et inclusive, le financement et la coopération, les solutions climats basées sur la nature et le genre. À ce titre, huit (8) hubs thématiques et 15 sessions ont été animés par 131 speakers.

À cela, s’ajoute les importantes activités organisées en marge de la MedCop, dont huit (8) sides-events et seize (16) activités parallèles qui sont venues enrichir les débats.

Plusieurs espaces de rencontre et d’exposition ont été animés sur le territoire de la ville de Tanger, par des partenaires tels que : L’Université Abdelmalek Essaidi, la Commune de Tanger, les chambres professionnelles, l’OFPPT, l’Académie de l’éducation nationale et les organisations de la société civile ont organisé des conférences, des espaces d’expositions, de séances de sensibilisation et autres activités liées à l’action climat.

Parmi les espaces de rencontre et d’échanges, ayant animé ce congrès international, une « Médina des Solutions » comptant plus d’une trentaine d’exposants représentant des acteurs publics, privés, des coopératives et des entités de la société civile a permis, en marge des travaux de la MedCop Climat Tanger 2023, de faire découvrir aux participants un grand nombre de programmes, de projets et d’initiatives menés au Maroc et dans les pays méditerranéens, en faveur du Climat, de l’Environnement et plus généralement du développement durable.

Les travaux de la MedCop Climat Tanger 2023 ont permis l’adoption d’une Déclaration finale et des recommandations soulignant, avec force et détermination, l’impératif de faire de cet événement un jalon déterminant dans l’Agenda global mondial dans les préparatifs des COPs. Parmi les principaux engagements et recommandations de la MedCop :

Le renforcement de la gouvernance multiniveaux et multi acteurs :

  • La présence des acteurs infranationaux, pour combler le fossé, entre les engagements nationaux et les actions concrètes sur le terrain, a été fortement soulignée. À ce titre, une définition claire du rôle et des responsabilités entre les parties prenantes faciliterait une collaboration efficace, à même d’accélérer la mise en œuvre des CDN. Un tel processus inclusif de gouvernance multi niveau impliquant les différents acteurs, est nécessaire pour instaurer une vision commune et assurer l’appropriation locale. Cette action facilitera la co-création de solutions innovantes pour augmenter l’ambition et renforcer la résilience.

l’inscription des enjeux des territoires dans le processus de négociation climatique :

  • Soutenir le rôle des villes et des territoires dans le bilan mondial, et inscrire ces derniers, comme partie prenante dans le processus conduisant l’accélération et l’implémentation des CDN et accès au financement.

Accélérer la transition énergétique :

  • Promouvoir, tester, mettre en œuvre et développer des solutions d’efficacité énergétique pour les collectivités locales, utilisant les économies d’énergies locales, comme une nouvelle classe d’actifs dans le financement de projets ;
  • Soutenir l’implication des Collectivités territoriales dans les projets visant le déploiement, à grande échelle, de l’utilisation des énergies renouvelables, à partir notamment des financements innovants incitatifs ;
  • Souligner l’importance centrale de la promotion de l’hydrogène vert dans le processus de décarbonation des économies, des mobilités vertes et de l’indépendance énergétique. Dans cette perspective, le climat est favorable pour la mise en place d’un cadre institutionnel, réglementaire technologique et financier et la création d’un écosystème cohérent, entre tous les acteurs concernés par l’économie de l’hydrogène propre à travers toute sa chaine de valeurs.

Économie bleue et NEXUS Eau, Énergie, Sécurité alimentaire :

  • Soutenir une économie bleue transformationnelle en Méditerranée et investir dans l’économie bleue, à travers la protection des aires marines protégées, le tourisme, l’aquaculture, les solutions et éco services basés sur la nature, la gestion des déchets, le traitement de l’eau, le transport maritime durable et les énergies renouvelables on et off-shore, contribueront à lutter contre le changement climatique et à créer des emplois ;
  • Promouvoir des approches innovantes pour garantir que les flux financiers atteignent l’économie bleue et que les gouvernements locaux et les entrepreneurs locaux aient la capacité de préparer des projets bien conçus qui attirent les investisseurs.
  • Soutenir la mise en œuvre de la territorialisation de la stratégie méditerranéenne de l’eau portée par l’Union pour la Méditerranée, à travers l’implication effective des Collectivités territoriales ;
  • Soutenir la recherche et développement en disposant d’informations scientifiques crédibles et fiables pour la bonne prise de décision des politiques hydriques territoriales. Il a été suggéré d’institutionnaliser, au sein de la Maison Méditerranéenne du Climat, une Interface Science/Politique qui dialoguera autour des thématiques liées à l’urgence climatique dans les territoires ;
  • À ce titre, le Maroc, de par sa stratégie proactive dans la gestion de l’offre et de la demande, en matière d’eau, pourrait constituer une source d’inspiration au niveau régional, pour accélérer les mesures d’adaptation et de résilience.

Renforcement des solutions-climat basées sur la nature :

  • Le renforcement de la résilience des villes et des territoires, face au changement climatique, passe notamment par la promotion des solutions climat basées sur la nature, permettant de réaliser des progrès significatifs par rapport à de multiples ODD, notamment la conservation de la biodiversité, ainsi que des actions visant à accélérer les mesures d’adaptation et de résilience.
  • Plaider pour les options d’adaptation fondées sur des valeurs et des normes communautaires susceptibles de favoriser un développement urbain résilient au climat, encadrées par une approche fondée sur les droits, encourageant la participation des communautés vulnérables locales et régionales.

Femme et climat : Passer du statut de femme victime du changement climatique au statut de femme actrice dans le renforcement de la résilience

  • Développement des plans, des programmes et des projets d’adaptation et d’atténuation au niveau des pays méditerranéens, au niveau national et infranational, selon une approche sensible au genre, à l’égalitaire et totalement transparente, prenant en considération les groupes, les communautés et les écosystèmes vulnérables
  • Renforcement de la représentativité des femmes dans les sphères décisionnelles et les instances de négociation climatiques.
  • Promouvoir la pleine participation et le leadership des femmes et des filles, afin que les actions liées au climat, notamment celles en rapport avec la gestion des ressources naturelles et aux risques de catastrophes, soient rendues plus efficaces.
  • Mettre en place des mécanismes opérationnels de soutien aux femmes pour faciliter l’accès aux financements climatiques, tout en développant un financement sensible au genre, à l’échelle méditerranéenne ;
  • Soutenir l’institutionnalisation du RÉSEAU MÉDITERRANÉEN : FEMMES FACE AUX DÉFIS CLIMATIQUES EN MÉDITERRANÉE (R2FD2C) et mettre en place des organes de gouvernance et de gestion « dudit » réseau. Celui-ci sera incubé au niveau de la Maison méditerranéenne du climat.

Renforcer et structurer le cadre de la coopération multilatérale décentralisée dans le bassin méditerranéen :

  • Positionner les pays méditerranéens comme acteurs incontournables dans la mise en œuvre concrète du Partenariat de Marrakech, pour l’action climatique mondiale ;
  • Soutenir l’engagement actif des gouvernements locaux et régionaux, dans l’agenda de la COP28 et dans l’ensemble des agendas climatiques, soit par le biais de leurs réseaux, soit par le biais des délégations nationales (l’Agenda mondial d’action pour le climat, la 2e réunion ministérielle sur l’urbanisation et le climat ainsi que la résolution sur le climat de la 2e Assemblée d’ONU-Habitat, LGMA Multilevel Action Pavilion et l’agenda de LIMA), ainsi que des décisions et initiatives spécifiques pour renforcer l’urbanisation et l’action à plusieurs niveaux dans la réponse nationale et mondiale à l’urgence climatique ;
  • Soutenir la création du RÉSEAU MÉDITERRANÉEN DES THINK TANKS TRAVAILLANT SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, sur la base des premières discussions constructives lors de la MedCop 2023 à Tanger. Ce Réseau travaillera en collaboration avec l’Observatoire de Veille stratégique du Conseil Régional Tanger-Tétouan-AL Hoceima ;
  • Renforcer la coordination entre les ONG méditerranéennes de la société civile travaillant sur le climat, via une collaboration renforcée entre les réseaux régionaux existants d’ONG climatiques. À ce titre, la MedCop soutient l’initiative de la société civile participante à la MedCop 23 dans la mise en place d’un RÉSEAU MÉDITERRANÉEN DE LA SOCIÉTÉ CIVILE POUR LE CLIMAT ;
  • Appuyer la création d’environnement propice aux solutions financières innovantes pour les municipalités grâce à un accès direct au financement climatique, à l’accès au marché des capitaux, à la capacité de bénéficier de mécanismes de garanties et à la possibilité de s’engager dans des Partenariats Publics-Privés (PPP) ;
  • Renforcer l’implication des collectivités locales et des acteurs non étatiques des pays du Sud dans les initiatives internationales, notamment en assurant un meilleur accès aux technologies et aux financements.

Ainsi, et vue la grande réussite de la troisième édition de la MedCop, il a été décidé de :

  • Structurer et articuler la MedCop climat avec l’agenda international du climat et en faire un événement régional périodique de référence et une plateforme de coopération multi niveaux conjuguant expertise, ambition et innovation ;
  • Renforcer le rôle de Maison Méditerranéenne du Climat, comme institution d’incubation de projets permettant de catalyser l’action climatique, et de renforcer la dynamique et des initiatives portées par les acteurs territoriaux en matière d’atténuation, d’adaptation et de finance climatique, pour plus de résilience et de justice climatique dans le bassin méditerranéen ;
  • Soutenir l’institutionnalisation du secrétariat permanent de la MedCop CLIMAT ayant son siège au sein de La Maison méditerranéenne du climat à Tanger, chargé de la coordination des MdeCop climat et de la mobilisation des grands réseaux internationaux d’experts, de collectivités territoriales, d’acteurs économiques et de structures académiques et des ONG pour faire le point sur l’Agenda climatique au sein du bassin de la méditerranéen.