Après leur débâcle à la présidentielle d’avril dernier, les partis de la gauche française cherchent à se rattraper à l’occasion des élections législatives de juin prochain dans le cadre d’une nouvelle alliance, destinée à faire bloc à l’extrême droite et empêcher le parti présidentiel d’obtenir à nouveau la majorité à l’Assemblée nationale.

 

Pour les formations de la gauche, à leur tête La France Insoumise (LFI), qui a pris l’initiative de rapprocher les différentes formations, les législatives de juin sont perçues comme “un troisième tour” du scrutin présidentiel d’avril, qui a vu Emmanuel Macron reconduit à la magistrature suprême pour un second mandat.

 

Après un accord jugé “historique” avec les écologistes et le Parti communiste français (PCF), La France insoumise, dirigée par Jean-Luc Mélenchon, qui a fini 3ème au premier tour de la présidentielle, et le Parti socialiste ont annoncé, mercredi, avoir conclu un accord pour les législatives après avoir surmonté leurs désaccords sur la stratégie, le programme et les circonscriptions.

 

 »Nous voulons faire élire des députés dans une majorité de circonscriptions, pour empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique injuste et brutale (RSA sous condition de travail gratuit et retraite à 65 ans) et battre l’extrême-droite », déclarent les deux formations dans un communiqué commun, relayé par les médias.

 

Les négociations entre Insoumis et socialistes ont, par ailleurs, buté sur la question du rapport à l’Union européenne, les deux formations politiques reconnaissant « des histoires différentes avec la construction européenne », mais affirmant partager “un objectif commun : mettre fin au cours libéral et productiviste de l’Union européenne et construire un nouveau projet au service de la bifurcation écologique et solidaire”.

 

Les socialistes rejoignent ainsi la  »nouvelle union populaire écologique et sociale » aux côtés des communistes, écologistes et Insoumis. Toutefois, l’adhésion à cette alliance doit être entérinée par les instances dirigeantes du PS, dont le conseil national se réunit jeudi soir, en vue de valider les points de désaccord, à leur tête le partage des circonscriptions, dont 70 auraient été attribuées au Parti socialiste.

 

Une tâche qui s’annonce ardue, d’autant plus que les divisions au sein de cette formation, dont la candidate à la présidentielle Anne Hidalgo a signé l’une des pires performances du parti lors d’une élection présidentielle, se font de plus en plus notables risquant d’hypothéquer ce projet.

 

Jeudi matin, des figures du Parti socialiste ont ainsi manifesté leurs désaccords face à cette union de la gauche.

 

Sur Europe 1, l’ancien secrétaire général du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a prévenu que  »la base » du parti était  »défavorable » et se ferait entendre à l’occasion de ce conseil national en cas d’accord.

 

 »Si cet accord est voté, il y aurait une convention nationale, et devant les militants et votants pour faire entendre notre position. Il faut se battre jusqu’au bout », a-t-il indiqué.

 

Sur France 2, le maire PS du Mans, Stéphane Le Foll, a de son côté dénoncé un Parti Socialiste  »qui tourne le dos à son histoire, aux convictions » et a menacé de le quitter  »s’il continue à être comme il est ».

 

Même son de cloche chez l’ex Premier ministre Bernard Cazeneuve, l’un des ténors du parti socialiste, qui lui aussi a menacé de quitter carrément le parti en cas d’accord avec LFI.