La Banque mondiale alerte contre les répercussions à long terme d’une inflation élevée, en particulier des prix des denrées alimentaires, sur les citoyens du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. « Il est temps de prendre des mesures pour lutter contre les retombées de l’insécurité alimentaire avant qu’elle ne devienne incontrôlable dans les années à venir », indique l’institution de Bretton Woods, dans un rapport intitulé « When Destinies Change: The Long-Term Effects of Higher Prices and Food Insecurity in the Middle East and North Africa ».

« La hausse des prix des denrées alimentaires cause des dommages irréparables », a déclaré la Banque mondiale dans son rapport. A ce titre, la même source prédit qu’une personne sur cinq vivant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sera en situation d’insécurité alimentaire cette année.

Elle prévoit également que la croissance du PIB de la région ralentira à 3 % en 2023, contre 5,8 % en 2022, en raison des retombées de « l’inflation des prix alimentaires de plus de 10 %, (qui augmente) les pressions sur les ménages les plus pauvres, et l’impact de l’insécurité alimentaire pourrait s’étendre aux générations à venir ».

Les analystes de la Banque mondiale soulignent clairement qu’en dépit du fait qu’une baisse du taux d’inflation mondial soit attendue, celui-ci devrait rester au-dessus des niveaux d’avant-pandémie.

« Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la Banque mondiale estime que chaque augmentation de 1 % du prix des produits alimentaires laisse environ un demi-million de personnes dans la pauvreté, ce qui signifie que depuis le début de la guerre en Ukraine, le nombre de pauvres dans la région a augmenté de plus de 20 millions en raison de la hausse des prix », ont déclaré les analystes.
« La croissance du PIB réel par habitant, une meilleure alternative à la détermination du niveau de vie, ralentira (dans la région), passant de 4,4% en 2022 à 1,6% en 2023 », prédit le rapport, en baisse de -2,8%. Les pays exportateurs de pétrole, qui ont bénéficié de gains inattendus en 2022, « verront également un ralentissement de la croissance, mais il existe toujours un écart important entre les pays à revenu élevé et le reste de la région », a-t-il déclaré.

Le rapport semestriel a révélé que l’inflation des prix alimentaires en glissement annuel dans 16 pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) entre mars et décembre 2022 était en moyenne de 29%. Un taux supérieur au taux d’inflation global, qui a augmenté en moyenne à 19,4% en glissement annuel au cours de cette période, contre 14,8% entre octobre 2021 et février 2022.