À l’approche de la Journée mondiale sans tabac, les experts du Cercle des ÉCO, un concept d’Horizon press, se sont penchés sur les leviers à activer sur les plans scientifique et réglementaire pour faire avancer la lutte contre le tabagisme au Maroc.

5 milliards de dirhams. C’est le coût estimé du tabagisme pour l’économie marocaine. Une facture trop lourde, au vu des besoins urgents dans certains secteurs comme la santé ou l’éducation, et des nombreux enjeux que le Maroc doit prendre en considération dans l’élaboration de son nouveau modèle de développement.

Au Maroc, la Journée mondiale sans tabac célébrée le 31 mai est l’occasion, comme chaque année, de faire le point sur les avancées réalisées dans la lutte contre le tabagisme, mais surtout d’envisager les moyens de rendre cette lutte plus efficace.

Des échecs dans l’approche

Les experts du Cercle des ÉCO se sont particulièrement intéressés aux leviers à activer au niveau de la législation, mais également de la science, face à un constat d’échec relatif. «Globalement, le nombre de fumeurs est soit constant, soit en augmentation», regrette ainsi Yasser Sefiani, chirurgien cardiovasculaire. Pour lui, cette situation résulte d’une défaillance au niveau de l’approche de la lutte contre le tabagisme au Maroc. «On ne combat pas le tabagisme, on combat les fumeurs», résume-t-il.

De son côté, le pneumologue Mohammed Ibrahimi met l’accent sur les lacunes dans le ciblage des messages de sensibilisation. «Avons-nous intérêt à aller demander à des gens qui ont 60 ans d’arrêter de fumer plutôt que nous adresser aux jeunes des collèges et des lycées et leur dire de ne jamais prendre la première cigarette ?», s’interroge-t-il, appelant l’État à mieux orienter ses campagnes.

Un cadre juridique pas assez étoffé

Le sur-place observé dans la lutte contre le tabagisme au Maroc, c’est aussi l’histoire d’un cadre juridique à dépoussiérer. Le Royaume dispose à ce jour de 2 lois encadrant le secteur du tabac. Il s’agit des lois 15-91 et 46-02 qui interdisent de commercialiser des produits non homologués et de fumer dans des espaces publics. Pourtant de l’avis des experts, cet arsenal manque de textes d’application notamment pour contrôler le respect de l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

Au niveau des outils scientifiques, il est question de développer des outils innovants pour freiner la dépendance au tabac. Ces dernières années, des produits comme la cigarette électronique et le tabac chauffé ont fait leur entrée sur le marché. L’objectif est d’aller vers des produits toujours moins nocifs pour le consommateur, car comme le rappellent les experts, ce qui tue ce n’est pas le tabac en soi, mais ses émanations une fois qu’il est brûlé.